M. BOLEC a eu la gentillesse de traduire en français une lettre du Lieutenant Raymond GOLDWATER, qui est arrivé à Amiens avec les forces britanniques lors de la Libération d'Amiens le 31 aout 1944. La lettre datée de 19 Septembre 1944 fait partie de toute une correspondance en anglais qui a été numérisée par les Archives Départementales de la Somme et qui est accessible sur leur portail. Cette lettre écrite à son frère Stan en Angleterre, est importante pour son récit, empreint d’une grande tristesse, de la restauration du culte israélite dans la synagogue d’Amiens. C’est également le cas pour la rencontre entre Raymond GOLDWATER et Marguerite LOURIA, née ARANIAS et son fils Jacques. Ceux-ci ont avec M. BOLEC un lien de parenté car il est le petit-fils du frère aîné de Marguerite LOURIA, ce qui donne tout son sens à son travail de traduction.
TRADUCTION DE LA LETTRE DE RAYMOND GOLDWATER DATEE DU 19 SEPTEMBRE 1944
Cher Stan,
Ce Jour de Fête juive (Yom Tov) a été merveilleux à tous points de vue. J’ai réussi à organiser avec brio tous les offices qui se sont tenus à la synagogue. Ce fut le premier office à la synagogue depuis quatre ans. Etaient présents environ trente soldats ainsi qu’une demi-douzaine de français réunis dans le bâtiment au sol carrelé, éclairé par deux candélabres mais vide exception faite des chaises, de la téba (autel) et de l’Arche Sainte derrière le rideau que nous avions installé avec les moyens de fortune.
Nous étions tous conscients que c’était un moment très fort and on pouvait ressentir la tension issue de la profonde émotion générée par cet office. Les français étaient littéralement en larmes et après avoir dit quelques mots aux autres pour leur expliquer le caractère exceptionnel de cet office, le reste d’entre nous étaient à l’unisson. J’éprouve une grande fierté d’avoir joué un rôle majeur dans la reconstruction de la synagogue et le déluge de remerciements que je reçus à cette occasion est quelque chose que je n’oublierai jamais.
Ainsi nous célébrâmes nos offices que je dirigeai principalement en personne et je dois ajouter que nous avions trois rouleaux de la Torah qui avaient été cachés pendant « l’Occupation Allemande ». Certains d’entre nous allèrent dîner et déjeuner chez la dame que j’ai mentionnée auparavant… (Il décrit en détail le repas et continue) … Soit dit en passant, j’ai beaucoup d’admiration pour cette grande dame française : ses habits et son maquillage sont superbes. Elle a réussi à conserver son calme et sa prestance en dépit de toutes les épreuves qu’elle a traversées. Nul ne peut imaginer qu’il manque son mari et ses deux filles et qu’elle ne s’attend pas à les revoir.
Son fils espère pouvoir rejoindre l’Angleterre dans une quinzaine de jours : je lui ai donné ton adresse de Endsleigh Court ... S’il n’arrive pas à te voir, je lui ai donné le 85 Sanderson Rd car Tante Rose connaît un peu le français (?) je suppose. Son nom est LOURIA.
Un grand merci pour les livres. Ne m’en envoie plus car je n’ai pas lu grand-chose récemment et j’ai assez de livres pour quelque temps. Pourrais-tu m’envoyer de la crème à raser Colgate sans blaireau car je commence à en manquer.
C’est tout pour l’instant. Désolé j’ai complètement oublié ton anniversaire. Joyeux anniversaire.
Ray
RGoldwater