J’aimerais qu’on fasse une carte de Paris pendant l’Occupation, une carte qui prendrait sa place dans une exposition complémentaire à l’exposition “Etre Juif dans la Somme, 1939-1945.” La carte montrerait les lieux d’habitation des Juifs de la Somme à Paris, les adresses où ils étaient arrêtés/raflés ou celles où ils se cachaient. Car le nombre de Juifs de la Somme arrêtés/raflés à Paris est égal ou presque au nombre de ceux qui ont été arrêtés sur place dans la Somme.
Parmi les 68 personnes dénombrées pour la ville d’Amiens sur le Registre des Déclarations d’Israélites d’octobre 1940 environ un tiers se trouvait désormais à Paris. Les familles Kahn et Haïta, les sœurs Grinfeder, et les refugiées de l’Est que les autorités ont chassées d’Amiens en décembre 1940, comme Paul Kammermann, Alice Klepetar, Max Speth, Jacob et Charlotte Katzenelle, et Alfred Wolkenstein par exemple, sont dans cette catégorie. Il y avait également des Juifs venus des pays de l’Est ou d’Asie Mineure qui résidaient à Amiens ou ailleurs dans la Somme pendant les années 1920 et 1930 et qui ont quitté le département avant le recensement d’octobre 1940 pour des appartements parisiens : Natan Faktor et Liézer Eskenazi en sont des exemples pour Amiens ainsi que la famille Romano de Cayeux-sur-Mer.
Fiches de réfugiés de l’Est expulsés d’Amiens en décembre 1940, qui sont venus habiter les appartements du 9eme arrondissement à Paris avant d’être internés et déportés. (Source CDJC) La famille Kahn, française depuis plusieurs générations, demeurait rue Condorcet dans le 9ème avant d’être raflée en 1944. La famille Aranias (voir photos dans un article plus bas) résidait rue d’Abbeville sans avoir été découverte.
Une nouvelle exposition pourrait explorer les circonstances au cours desquelles ces gens et d’autres se sont déplacés de la Somme et les circonstances de leur vécu dans la capitale. On a déjà quelques éléments de leurs histoires, des photos, documents et témoignages, dont certains sont déjà visibles sur ce site. Il reste à poursuivre des recherches complémentaires dans les archives parisiennes et d’intégrer toutes nos informations dans un seul tableau.
Pour être complet, il faut ajouter des personnes arrêtées aux alentours de Paris comme Jacob et Etel Birenbaum et leur fille Georgette ainsi que celles qui ont été internées dans les camps du Loiret avant d’être déportées comme Cilly Affenkraut, Irma Epstein, et Max Mauner et sa famille. On peut aussi signaler un nombre de personnes domiciliées à Paris pendant la guerre qui avait des propriétés ou des résidences secondaires dans la Somme, surtout sur la côte picarde, pour lesquels on a lancé des procédures d’ “aryanisation.”
Qu’on se souvienne de tous ces gens quand on parle de la Shoah dans la Somme !