La famille ROMANO, originaire de Salonique, fut décimée en conséquence de la “rafle des Hellènes” à Paris le 5 novembre 1942. Sarah Frantzi-Romano et Estelle Romano, une de ses filles, sont prises au piège, á l’appartement et cabinet dentaire en locaton au 58 rue de Saussures Paris 17. Les membres de la famille Romano vivant à l’adresse de la rue Basfroi à Paris 11 sont arretés de leur côté. Un récit détaillé des circonstances de leur arrestation se trouve à la fois dans l’article du blog de Robert Romano https://muestros-dezaparesidos.org/la-vie-de-rouben-romano-racontee-par-son-petit-fils/ et dans le livre récent de Laurent Joly, Dénoncer les Juifs sous l’Occupation : Paris, 1940-1944 (Paris, CNRS Editions, coll. “Seconde guerre mondiale”), pp. 65-66. Pour quelques documents complémentaires voir l’article ci-dessous “D’autres martyrs de Cayeux-sur-Mer : Sarah et Estelle Romano”
Léon Romano, mari de Sarah et père d’Estelle, avait fait construire une residence à Cayeux-sur-Mer dans la Somme dès années 1927-1930. Cayeux-sur-Mer, proche de Paris, était devenu un endroit de vacances pour toute la famille émigrée avec le père de Léon, Rubén Romano, son épouse et toute la fratrie ainsi qu’en attestent les photographies de famille.
Je tiens à remercier Mme Irène Tenèze, petite fille de Léon Romano et de Sarah Frantzi-Romano et nièce d’Estelle Romano; et M. Robert Romano, petit fils de Rouben Romano, pour le prêt des images; également M. Alexandre Litwak pour sa participation du côté de la famille et pour son aide technique. Remerciements également à Mme Tenèze pour le commentaire personnel qui accompagne les photos (DR/IT 10/2022)
COMMENTAIRE DE IRÈNE TENÈZE POUR ACCOMPAGNER LES PHOTOS
PHOTO DE FAMILLE, A GAUCHE ASSIS Léon Romano avec Rachel sur ses genoux. A sa droite à son tricot Sarah Frandji (Frantzi)-Romano son épouse, devant elle Irène et Estelle Romano. Ma mère (Irène) pose sa main sur le chien couché et Estelle montre une ardoise au chiffre 549 dont le sens ne m’est pas connu. Je ne reconnais ni ne connais les autres personnes adultes et enfants de cette photographie prise à Cayeux-sur-Mer sur la promenade des planches devant les cabines de plage. La famille entière émigrée de Salonique (Grèce) prendra l'habitude de séjourner à Cayeux et Léon Romano fera construire une maison pompeusement appelée Villa Romano dès 1927-1930 dans une rue excentrée au milieu des prés pour les vaches. A l'époque, il n'était pas question de tout-à-l'égout ni de "confort moderne".
COMMENTAIRE DE MME TENÈZE (SUITE)
La Villa Romano a été considérée comme "bien juif" pendant l’occupation de la France. Elle était décorée d'un médaillon avec son nom “Villa Romano”et pour le centre de sa minuscule cour, Léon Romano avait fait installer une étoile de David en céramique à la façon de l'artisanat grec. La décoration de la cour a été martelée pendant l'occupation. Le nom est resté intact. Je ne sais pas comment Léon Romano a récupéré son bien en 1945.
PHOTO: Léon Romano avec Sarah (à gauche), son épouse et Marie (au centre) sa sœur avec Irène, Estelle et Rachel à Cayeux-sur-Mer. Marie, en 1942, avait réussi à rejoindre son mari Jacques Arditti, évadé, en passant la ligne de démarcation avec ses deux fils en bas âge.
Commentaire sur les photos de Irène Tenèze, Septembre, 2022
PHOTO: Sarah Frantzi-Romano et ses 3 filles Irène, Estelle et Rachel devant la cabine de la famille. De l’évidence Léon Romano et son épouse n’étaient pas Juifs pratiquants et élevaient leurs filles dans un cadre français et laïc tout en préservant au sein de leur foyer des habitudes grecques et ottomanes. Ils parlaient certainement le ladino, le grec, le turc…Sarah et Estelle Romano ont été arrêtées par la police française en 1942 avec l'aide inconsidérée d’un voisin, au 58 rue de Saussure à Paris 17. Léon Romano et son frère Lieto étaient revenus pour le couvre-feu dans un appartement loué pour se cacher. Sarah et Estelle retenues par des préparatifs des fiançailles d'Estelle ont raté le couvre-feu. Rubén Romano, le père de Léon et Lieto, vivait avec les autres membres de la famille rue Basfroi, Paris 11 - d'où tous ont été raflés. Irène Romano, ma mère, et sa sœur Rachel étaient passées seules en "zone libre".