Il y a des questions qu’à la fin on regrette presque d’avoir posées. Je me demandais par exemple à quelle date exactement Fernand, Germaine et Paulette KAHN (voir l’article précédent) avaient quitté Amiens pour aller habiter au 40, rue Condorcet Paris 9ème, et qu’en était-il de cette adresse?
Le commerçant se trouvait à Amiens le 4 juin 1942 afin d’émarger pour les étoiles jaunes pour lui, son épouse et leurs trois filles. Ce même jour il écrivit au Préfet de la Somme pour demander si l’on pouvait débloquer de son compte la mensualité qu’on lui avait accordée à la suite de l’aryanisation de son commerce rue des Trois Cailloux. Au bas de la note il avait ajouté « Fernand Kahn, réfugié actuellement chez Mr et Mme Carcassonne, 40 rue Condorcet Paris 9e »
C’étaient semble-t-il des parents de sa femme Germaine (née Carcassonne) qui offraient ce refuge. Le recensement de la population de Paris indique parmi les habitants des appartements du 40 rue Condorcet en 1936 :
Émile CARCASSONNE, né à Nîmes, le 13 février 1893, tailleur [frère cadet probablement de Germaine, qui naquit également à Nîmes, le 7 décembre 1891]. Suzanne CARCASSONNE (née ?), son épouse, née le 28 aout 1904 à Paris et Michel CARCASSONNE, leur fils, écolier, né le 28 janvier 1932 à Paris
Nous apprenons grâce à la base de données du CDJC ce qui est tristement arrivé à cette petite famille. Tous les trois furent arrêtés en décembre 1943 et déportés par le Convoi No. 63, le 17 décembre 1943 de Drancy à Auschwitz. Quatre mois plus tard c’était le tour de Fernand, Germaine et Paulette KAHN. Les autorités donnent également pour les deux familles l’adresse du 40, rue Condorcet. On ne sait pas pourquoi il se trouve qu’elles ont été arrêtées séparément. Quoi qu’il en soit c’est encore une illustration du fait que l’ampleur de la tragédie d’une famille dans la Shoah pouvait être plus importante que ce que l’on a d’abord cru. Pour d’autres exemples voir « Refugees from the East »